HUMBERT Fabrice

« Nos amitiés sont des fragments de nous-mêmes, des miroirs morcelés. Et lorsque certains de ces miroirs disparaissent, ils emportent avec eux une certaine définition de nous-mêmes à laquelle on doit rendre hommage par notre vie.»

« Autrefois, j’avais un ami. Je l’ai rencontré il y a bien longtemps, par un jour d’hiver, sautant de sa voiture et grimpant quatre à quatre les marches du lycée Franklin. C’est le souvenir le plus vivace que j’aie de lui, une impression inégalable d’éclat et de beauté. Figé sur les marches, rempli d’admiration et de honte, j’étais égaré dans ma condition de « nouveau », égaré en moi-même. Il m’a sauvé – des autres, de ma propre jeunesse. Des années plus tard, alors que cet homme était devenu une image détestée, j’ai tenté de le sauver. J’aurais aimé qu’on sache qui il était vraiment.»

— Le monde n’existe pas, Ed° Gallimard, janvier 2020