HEGEL

HEGEL Georg Wilhelm Friedrich
[1770-1831]

« Ce n’est qu’au début du crépuscule
que la chouette de Minerve prend son envol.»

— Principes de la philosophie du droit, 1820

« Saisir et comprendre ce qui est, telle est la tâche de la philosophie, car ce qui est, c’est la raison. En ce qui concerne l’individu, chacun est le fils de son temps. Il en est de même de la philosophie : elle saisit son temps dans la pensée. Il est aussi insensé de prétendre qu’une philosophie quelle qu’elle soit puisse franchir le monde contemporain pour aller au-delà, que de supposer qu’un individu puisse sauter par dessus son temps, puisse sauter par dessus le rocher de Rhodes ».
— Principes de la philosophie du droit, Préface p. 57 ,Vrin, 1982.

« Il n’y a pas de héros pour son valet de chambre, non parce que le héros n’est pas un héros, mais parce que le valet de chambre est un valet de chambre. »
— Source ?

« Seul l’homme, à titre pensant, peut réfléchir sur ses tendances, qui, en elles-mêmes, s’imposent à lui de façon nécessaire … la réflexion compare les diverses tendances et leurs buts avec le but fondamental de l’être. La liberté du vouloir est la liberté dans l’universel.»
— Source ?

« La philosophie est l’intelligence de l’époque, son temps saisi dans la pensée. (Ihre Zeit in Gedanken erfasst)

Pensée et langage

« C’est dans le mot que nous pensons.

Le mot en tant que sonore disparaît dans le temps ; il se montre donc dans le temps comme négativité abstraite, c’est-à-dire seulement anéantissante. Mais la négativité vraie, concrète du signe linguistique est l’intelligence, parce que, moyennant celle-ci, le signe est, de quelque chose d’extérieur, changé en quelque chose d’intérieur, et conservé dans cette forme modifiée. Ainsi les mots deviennent un être-là vivifié par la pensée. Cet être-là est absolument nécessaire à nos pensées.

Nous n’avons conscience de nos pensées, nous n’avons de pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et que par suite nous les marquons de la forme externe, mais d’une forme qui contient aussi le caractère de l’activité la plus haute. C’est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l’externe et l’interne sont intimement unis.

Par conséquent, vouloir penser sans les mots est une tentative insensée. Mesmer en fit l’essai et, de son propre aveu, il en faillit perdre la raison. Et il est également absurde de considérer comme un désavantage et comme un défaut de la pensée cette nécessité qui lie celle-ci au mot.

On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu’il y a de plus haut, c’est l’ineffable. Mais c’est là une opinion superficielle et sans fondement ; car, en réalité, l’ineffable c’est la pensée obscure, la pensée à l’état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu’elle trouve le mot. Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie.
Sans doute on peut se perdre dans un flux de mots sans saisir la chose. Mais la faute en est à la pensée imparfaite, indéterminée et vide, elle n’en est pas au mot. Si la vraie pensée est la chose même, le mot l’est aussi lorsqu’il est employé par la vraie pensée. Par conséquent, l’intelligence, en se remplissant de mots se remplit aussi de la nature des choses.

Mais cet accueil a en même temps ce sens que l’intelligence fait d’elle-même, par là, un être tenant de la chose, de telle sorte que la subjectivité – en sa différence d’avec la chose – devient quelque chose de tout-à-fait vide, un réservoir, privé d’esprit, des mots, donc une mémoire mécanique (…) Plus je deviens familier avec la signification du mot – plus celui-ci, donc, est réuni à mon intériorité – plus l’objectivité et, par conséquent, la déterminité de sa signification disparaissent – plus la mémoire elle-même et, avec elle, en même temps le mot, deviennent quelque chose de délaissé par l’esprit.»

— Hegel, Encyclopédie III, Philosophie de l’esprit, § 462, Pensée et langage

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