WANG WEI

[701-761]

Si vous me demandez quel est le dernier mot des recherches philosophiques, je vous répondrai que c’est le chant du pêcheur qui aborde sur la rive.
[In : La sagesse chinoise selon le Tao]
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Un frêle esquif amène l’invité
Au loin le voilà qui arrive voguant sur le lac
Face à face dans la véranda nous trinquons
Aux quatre coins les hibiscus s’épanouissent
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Du torrent aux épineux émergent des rocs blancs
L’espace est froid, les feuilles rougies se font rares
Sentier de montagne : plus de pluie
Le ciel devenu bleu, mes habits encore humides
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A un ami absent

Déjà les araignées de jardin abritent leurs toiles sous mes fenêtres,
Et l’on entend les grillons chanter entre les marches du perron ;
Déjà souffle ce vent froid, qui annonce le déclin de l’année ;
J’ai le cœur triste, et vous, mon maître, quelle impression ressentez-vous ?
Mes yeux demeurent souvent fixés sur votre habitation déserte ;
L’amour de la solitude a conduit au loin celui qui l’occupait.
Mes regards interrogent vainement sa porte oisive et silencieuse :
Le soleil seul y pénètre, éclairant les plantes d’automne de ses rayons affaiblis.
Vous m’avez, il est vrai, fait parvenir de vos nouvelles,
Mais pour m’apprendre qu’aujourd’hui nous sommes séparés par mille li.
Après avoir erré longtemps, comme un étranger, sur des routes inconnues,
Vous avez donc repris le chemin de ces montagnes, où déjà vous vous étiez retiré.
Nous sommes des amis de vingt années,
Et nous ne trouvons pas un jour pour échanger nos sentiments.
Si vous avez eu cruellement à souffrir de la fatigue et de la maladie,
Je n’ai pas eu, de mon côté, de moindres maux à supporter.
Bien que l’automne s’avance, et que vous ne soyez pas de retour encore,
J’espère toujours que l’année ne s’achèvera point, sans que je vous aie revu ;
Mais ce vœu se réalisât-il, combien la réunion durerait-elle !
Ne sera-ce point ma triste destinée de toujours penser à un absent !
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En se séparant d’un voyageur

Je descendis de cheval ; je lui offris le vin de l’adieu,
Et je lui demandai quel était le but de son voyage.
Il me répondit : Je n’ai pas réussi dans les affaires du monde ;
Je m’en retourne aux monts Nan-chan pour y chercher le repos.
Vous n’aurez plus désormais à m’interroger sur de nouveaux voyages,
Car la nature est immuable, et les nuages blancs sont éternels.
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Adieux au printemps

Chaque jour, hélas ! nous rapproche de l’inévitable vieillesse,
Tandis que chaque année nouvelle voit revenir le doux printemps.
Prenons ensemble le plaisir, aujourd’hui que notre tasse est pleine ;
Si les fleurs se fanent et s’effeuillent, tâchons, ami, de n’y pas songer.
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La montagne n’est que silence et solitude
(fragment)

La montagne n’est que silence et solitude ;
On n’y voit que des herbes touffues et des arbres épais.
La Cour est la patrie des hommes d’élite ;
Seigneur, comment demeurez-vous dans ce sauvage désert ?
– La culture des lettres n’exige point de relations fréquentes ; mes pensées sont profondes ;
La science de la philosophie est difficile, et, pour l’acquérir, je marche seul.
J’aime les sources pures, qui serpentent entre ces rochers ;
J’aime aussi ma cabane rustique, paisiblement assise au milieu des pins.
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