Extraits de poèmes
Musée National de l’Immigration
Paris
«Il me semble avoir été lâché dans la jungle sans dents pour mordre, pis, gêné d’intelligence, encombré d’innocence et de scrupules, quelque chose comme la victime rêvée, l’agneau du sacrifice.»
Mouloud MAMMERI
[Le sommeil du juste • Plon 1955]
«Tu regardes la beauté qui se pavane à Paris, et c’est à s’évanouir
Tu la contemples de loin, sans prise ni pouvoir sur les choses
Forcé de souffrir, immigré je suis, recru d’exil
Brûlé de tant de tourments que le vin seul a vertu de guérir
L’exilé s’est perdu, a disparu sans laisser de traces
En vain sa mère a tant attendu, tant questionné
Mais rien, ni messager, ni lettre et encore moins quelqu’un pour dire
S’il est mort ou s’il est encore de ce monde.»
[Cheikh Mohamed YOUNSI
Ya Quasdin Bariz = Vous qui allez à Paris • 1970]
«D’ailleurs, que m’avait-il donné à moi, sa fille, hormis son sang et son nom ? Pour le reste, il aurait fallu croire sur parole cet homme qui n’ouvrait pas la bouche, qui ne m’avait jamais raconté d’histoires.
Le silence avait dû se faire lourd, son absence définitive, pour qu’enfin je l’entende lui et cherche à ne plus perdre son cri.»
[Tassadit IMACHE
Une fille sans histoire • almann-Lévy 1989]
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