[ Anatole Bisk, dit Alain Bosquet né à Odessa (Ukraine) le 28 mars 1919 et mort à Paris le 8 mars 1998 ]
Nos vies sont inutiles, trouées, impalpables : notre seule volupté consiste à nous en improviser une autre.
— Interview 70. Paris, Éditions du Rocher, 2001, p. 79
Une vie : cinq pour cent de rage, deux pour cent de volupté, et tout le reste est brouillard.
— La fable et le fouet. Paris, Gallimard, 1995, page 350
Je n’aime pas les dieux.
Les prophètes m’agacent.
La seule vérité, je la veux dans les mots et dans la chair : le jeu des uns, l’aveuglement de l’autre.
L’absolu, je le tiens pour suspect.
Je nie le songe : un fleuve est un seau d’eau qui coule,
et l’arbre dans sa boue ne peut rien contre moi. Étant mortel comme le chien et le soupir, je le proclame et n’en fais pas une leçon :
juste un devoir de propreté.
Je suis vivant sans y voir de miracle, et m’apprête à mourir imperturbable et dur.
J’ordonne que
Bouddha
s’étrangle dans son rire et que, simple saumon,
Moïse plonge entre les flots de la mer
Rouge, cependant que la
Croix se défait de son
Christ.
— Sonnets pour une fin de siècle, 1980